Adieu insecticides, fongicides, et autres herbicides d’origine chimique pour les jardiniers ! Depuis le 1er janvier 2017, les communes et les collectivités territoriales n’ont plus le droit d’utiliser de pesticides dans l’espace public : les parcs, promenades, forêts, espaces verts. A partir du 1er janvier 2019, l’interdiction s’appliquera aussi aux particuliers qui devront donc se tourner vers des solutions alternatives.
© Maksim Kostenko - fotolia.com Retirer les mauvaises herbes dès mars et avril pour ne pas vous laisser envahir« Ce sont les mentalités qui vont être longues à corriger. La jeune génération a bien compris l’intérêt d’utiliser moins de produits chimiques pour des raisons écologiques. Mais l’ancienne génération, qui a l’habitude de désherber avec un produit qui fonctionnait très bien, à un coût raisonnable, va avoir du mal à s’en passer », indique Katia Eichinger, à la tête du Point Vert à Hochstatt.
Tous les fabricants ont anticipé cette interdiction et mettent sur le marché des produits de substitution, dit plus « naturels ». Ils sont fabriqués à partir de molécules organiques comme l’acide pélargonique qui est produit naturellement par le géranium ou l’acide acétique que l’on retrouve dans le vinaigre.
Mais il ne faut pas en attendre de miracle : ils vont brûler les feuilles mais n’empêcheront pas la repousse des plantes bien développées. « Quand vous traitiez avec un désherbant chimique, vous étiez tranquille presque pour l’année entière. Maintenant, c’est terminé : ces produits de substitution n’auront pas la même efficacité. Il va falloir être tolérant, se demander à partir de quel moment on ne tolère plus les mauvaises herbes », prévient Katia Eichinger.
Certains jardiniers pourraient être tentés de s’orienter vers des solutions de grand-mère à moindre frais : eau bouillante salée, eau de cuisson de riz… Un choc thermique fatale aux plantes mais pas que : « C’est vraiment déconseillé. A la surface du sol, il y a des bactéries très utiles, des vers de terre aussi, sur une couche de 5 à 10 cm. Si on les brûle, on tue la richesse du sol : après, il n’y a plus grand-chose qui repousse», déplore la gérante du Point Vert.
On peut toutefois opérer un choc thermique et éliminer les mauvaises herbes sans polluer la terre avec des outils plus adaptés, comme les désherbeurs thermiques, soit électrique, soit au gaz, qui font éclater les cellules végétales : « C’est pas mal sur de petites surfaces : une terrasse ou une cour à l’avant. Mais sur une grande surface, cela nécessite beaucoup d’électricité ou de gaz », informe Katia Eichinger.
C’est un peu la même chose pour les nettoyeurs haute pression, qui délogent les indésirables, et surtout les mousses, sous la pression très forte de l’eau : « Si la racine est fortement ancrée, il va falloir mettre le paquet. Mais combien d’eau est-on prêt à mettre pour décaper une grande cour ? », interroge la directrice du Point Vert.
Que reste-t-il alors au jardinier en quête d’un extérieur impeccable ? L’inaltérable huile de coude avec l’outillage de base : binette, serfouette et couteau désherbeur. « Il faut désherber à la main un peu tous les soirs. Il faut commencer dès le démarrage des graines, donc en mars et avril : plus on s’y prend tôt, moins les plantes auront le temps de se ramifier. Il faut être à l’affût dès le début pour ne pas se laisser envahir. Une fois que la chaleur est là, en juin et juillet, les mauvaises herbes ne s’installent pas. »
Autre bonne habitude à prendre : pailler les massifs et le pied des plantes avec des cosses de sarrasin, des écorces de pin, ou des paillettes de lin… Des produits biodégradables et totalement naturels. « Pour avoir une efficacité sur le long terme, il faudra mettre une couche plus épaisse pour ne pas laisser passer la lumière et empêcher les mauvaises herbes de pousser. Un sac de 50 litres d’écorce par m2 est le minimum. Deux, c’est mieux », conseille l’horticultrice.
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