Tom Novembre : Le Récital

One man show musical où un interprète légèrement schizophrène s'interroge et se démultiplie en une galerie de personnages pittoresques qui peuplent son univers professionnel.

Il a une voix grave qu’on retient, une silhouette longiligne qu'on n'oublie pas. A le fois chanteur et acteur, Tom Novembre aime mélanger les genres : c'est son équilibre. Ce spectacle musical est programmé dans le cadre de la saison 2015-2016 de l'ED&N à Sausheim et du Cheval Blanc à Schiltigheim.  ☛ Propos recueillis Mike Obri

Votre one man show, Le Récital, mélange théâtre, humour et chansons. Il ressemble beaucoup à l'ensemble de votre carrière artistique, où l'on a toujours eu du mal à savoir si vous étiez plutôt comédien ou plutôt chanteur.

C’est juste. Le Récital, c’est la dernière balance d’un chanteur avant son concert. Sauf que tout un tas de personnages décide de lui compliquer la tâche : un fan, le vigile de la salle de spectacle, un journaliste venu l’interviewer... Ce one man show, c’est un parfait mélange de tout ce que j’aime faire, de ce que j’ai toujours fait. Chanter et interpréter des personnages différents, c’est un peu ma couleur, mon équilibre. On n’est pas tant que ça à mélanger les genres, certes, mais je ne suis pas non plus un cas particulier, des gens comme Dany Boon ou Gad Elmaleh le font aussi. En France, on aime donner des étiquettes, je ne suis pas un chanteur, pas un acteur, je suis une sorte de personnage, comme me qualifie souvent les médias. C’est un peu ma liberté, mais toute liberté se paye. On m’a rangé dans la catégorie : « flou artistique ». Je suis tout en même temps, mais aussi rien à la fois. Mais moi, je la garde, la foi.

Votre dernier one man show remonte à plus de dix ans. Noir Désir chantait L’Homme Pressé, vous, c’est le contraire ?

(Rires) C’est mon côté rebelle ! Ne pas être dans cette course folle. Je vais à mon rythme, qui n’est pas celui du monde. Ce qui ne veut pas dire que je n’ai rien fait pendant ce temps, j’ai joué pour d’autres, travaillé sur divers projets. Mais oui, les instances supérieures donnent le tempo, tout va très vite, il faut suivre, les gens ne sont pas à l’aise et cela aboutit selon moi à une surenchère de médiocrité permanente.

On sent chez vous une évidente tendresse, dans un monde où il y en a de moins en moins. Vous vous sentez en décalage ?

Je sais, ce n’est pas à la mode, mais j’essaie de toujours me moquer tendrement. On peut se moquer de tout le monde, mais d’abord de soi-même. Bien que je lui concède beaucoup d’intelligence et de lucidité, un humoriste comme Gaspard Proust, par exemple, manie un humour dans lequel je ne me reconnais pas. Cette espèce de déception constante, de noirceur. Mes personnages, je les déteste autant que je cherche à les comprendre. Celui du vigile, ce cube hermétique, est représentatif de ce principe de précaution qui nous promet de grands malheurs, et en même temps il a un côté touchant ce type, il ne fait que suivre des ordres. Le fan, quant à lui, est passionné, c'est bien, mais totalement déraisonnable. L’agent artistique est autant supporteur que boulet. Il n’y a ni procès, ni apologie. Dans ce que je propose sur scène, il y a du dosage.

Vous êtes originaire de Nancy, vous venez jouer en Alsace. Vous avez un avis sur le fait que de nombreux Alsaciens ont manifesté pour ne pas fusionner avec les Lorrains ?

(Rires) Je n’ai pas franchement étudié le dossier ! Chacun revendique son identité. Que les Alsaciens fassent ce qu’ils veulent ! Il y a surtout des petites luttes internes... Qui aura le centre administratif, qui va s’accrocher à son siège le plus longtemps... ça, je m’en fous un peu.

Sur l’ensemble de votre carrière, que changeriez-vous, et qu’est-ce qui vous rend le plus fier ?

Le truc que je changerais, c’est d’ordre privé. Je ne peux pas le dire. La chose qui me rend le plus... heureux - plutôt que fier - c’est d’être toujours là et de pouvoir proposer un spectacle comme Le Récital. Et que le public réponde présent.