Mulhouse a peu de maisons à colombage, peu de géraniums aux fenêtres et pas de petits cœurs sur les volets. Mais elle a d’autres atouts à faire valoir, et notamment une ouverture d’esprit par rapport aux arts urbains. Des artistes locaux ou de renommée mondiale laissent ainsi leur empreinte, tantôt poétique, humoristique ou simplement graphique.
Textes et photos Sandrine Bavard
Non loin de l’école des Beaux-Arts (la HEAR), le Quai des Pêcheurs est un lieu emblématique du graffiti à Mulhouse. Sur les murs de de l'ancien village industriel de la SACM, les artistes disposent d'un espace de jeu de 300 mètres! Le festival Bozar, transformé en Mécaniques urbaines en 2016, y programme chaque année un jam graffiti avec une trentaine d'artistes.
Il attire des graffeurs de Mulhouse et alentours. Ce jour-là, quatre Bâlois s’activent depuis 6 heures pour réaliser une grande fresque : « On fait du graff depuis l’adolescence et on tague pendant notre temps libre. On cherchait un mur légal pas très loin de chez nous et on a trouvé cette adresse sur un site Internet. C’est tranquille ici et c’est un bel environnement, avec la rivière derrière », souligne Tim.
L’avantage du street art, c’est qu’il peut être vu par un large public sans avoir à entrer dans un musée ou une galerie. L’inconvénient, c’est qu’il ne reste pas forcément longtemps en place. Dommage, on l’aimait bien cette reine des neiges macabre sur le Quai des Pêcheurs !
Installée rue des Trois-Rois depuis un an, la galerie Orlinda Lavergne promeut l’art urbain dans ses murs mais aussi en dehors. C’est à elle que l’on doit les interventions de C215 et Clet à Mulhouse. Une ville qui s’y prête bien selon la galeriste : «Il y a une tradition des murs peints à Mulhouse depuis 150 ans. Finalement, le street art s’inscrit dans cette continuité, mais la remet au goût du jour. » Du 4 au 26 novembre, Orlinda Lavergne exposera Bruno Leyval, spécialisé dans le dessin à l’encre de Chine et marqué par la philosophie bouddhiste.
Remettre de la poésie et de l’humanité au coeur des villes, telle est l’ambition de Christian Guémy, alias C215, qui a débuté le pochoir il y a 10 ans. En partenariat avec la galerie Orlinda Lavergne et la Poste, il a réalisé des portraits de personnalités (Hugo, Gainsbourg, Renaud...) et d’anonymes (pêcheur, clown, clochard...) sur une vingtaine de boîtes aux lettres à Mulhouse. On peut télécharger le parcours sur le site de la ville de Mulhouse.
Clet, artiste de renommée mondiale, s’amuse à détourner les panneaux de signalisation pour défier les règles imposées dans l’espace public. Avec lui, une voie sans issue devient une scène de crucifixion ou un sens interdit devient un policier amoureux. Plus d’une centaine de panneaux sont passés entre ses mains, dans le centre-ville mais aussi dans le quartier Franklin, Nordfeld, Drouot, Rebberg, à l'invitation de la galerie Orlinda Lavergne.
Modulable, Urbain et Réactif : voici les trois principes du M.U.R, un projet artistique lancé à Paris en 2003, qui a fait des émules en France. Il fonctionne à Mulhouse grâce à l’association Epistrophe qui veut démocratiser l’art et qui invite donc un artiste chaque mois à s’approprier le mur de la Moselle, sur une surface de 11 x 5 mètres. En octobre, on a pu admirer les oiseaux et la nature très graphique de l’artiste stéphanois Pierre Bulbe.
En prenant le boulevard du Président Roosevelt, impossible de passer à côté d’El Sembrador, le semeur, qui s’affiche sur 160m2. Il s’agit d’une commande de Mulhouse Habitat à l’artiste chilien Inti qui a donné une touche locale à son personnage fétiche, en l’habillant de motifs textiles imprimés à Mulhouse. Là encore, c'est l'association Epistrophe qui a joué les intermédiaires.
Graffiti, peinture murale, slogan accrocheur, pochoir, mosaïque, sticker...La rue devient un musée à ciel ouvert, avec de nouvelles œuvres à découvrir au détour d’une rue. Comme ici dans une impasse près de la rue de l'Arsenal.
Les habitués sauront reconnaître la patte des artistes locaux, qui de Pierre Fraenkel au « superpositionneur » Ferni, s’approprient habilement l’espace urbain. Ici, la devanture d'une boucherie rue des Trois-Rois, transformée par Ferni avec des os de jambon et d'autres dessins naïfs.
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