Propos recueillis en septembre 2013.
« On ne peut pas faire une bonne science de l’environnement si on n’a pas une parfaite connaissance du terrain, il faut absolument corréler les modèles mathématiques avec des observations sur place », déclare Serge Dumont qui n’hésite pas à mouiller le « maillot ». En bon scientifique qu’il est, il a calculé qu’il a passé 8 mois sous l’eau, en temps cumulé. L’eau, une passion qui l’a pris dès le plus jeune âge : « Tout petit, j’accompagnais mon père à la pêche et je suis tombé amoureux de ces milieux. J’ai fait de la spéléo, du canyoning, de la voile, tous les sports qu’on peut faire sur et sous l’eau ».
Serge Dumont, enseignant-chercheur à l’université de Strasbourg, a longtemps fait des recherches en biologie cellulaire, avant de se consacrer à plein temps à son sujet de prédilection : les milieux aquatiques et plus particulièrement les gravières d’Alsace. Un sujet méconnu jusque-là : « On faisait simplement des études d’impact pour connaître l’état de la nappe phréatique avant et après. Les gravières étaient considérées comme un mal nécessaire pour faire du gravier. Maintenant, on voit aussi ces gravières comme des zones humides, qu’il faut essayer de rendre à la nature, pour qu’elles accompagnent le maximum d’espèces », souligne Serge Dumont. Car il y a de la vie dans ces lieux, avec de nombreuses espèces de poissons (gardons, carpes, silures…) et des invertébrés moins connus.
Cet amoureux de la nature est aussi aux premières loges pour constater que les gravières se dégradent les unes après les autres. Il a donc décidé de faire des films, via son association Ried Bleu, pour sensibiliser le public. « Les gens ne bousillent pas les gravières intentionnellement mais par méconnaissance du milieu. Par exemple, quand les pêcheurs mettent trop de carpes dans l’eau, elles remuent le sol pour manger, font la razzia sur les invétébrés, et détruisent les autres espèces », déplore le chercheur.
Les plongeurs peuvent aussi nuire au milieu sans le savoir… En 2002, Serge Dumont contacte la Fédération française de plongée pour intervenir dans la formation des moniteurs et les informer sur l’environnement dans lequel ils évoluent, ce qui a servi à développer la charte du plongeur responsable en eau douce : « Les choses ont changé depuis. Avant, la majorité des plongeurs prenait la gravière pour une grande piscine pour faire leur exercice. Mais ils peuvent faire beaucoup de dégât en remuant le sol ou en gênant la reproduction de certains poissons. Maintenant, ils ne laissent plus d’empreintes et jouent le rôle de sentinelle », se réjouit-il.
Les recherches de Serge Dumont permettent d’améliorer la connaissance de l’environnement, mais pas seulement. Elles auront peut-être aussi demain un impact dans notre vie : « Je travaille aussi en pharmacologie. Certaines algues par exemple, parce qu’elles sont profondes, n’ont à certains moments de l’année, ni lumière, ni oxygène. Je compare leurs métabolites à ceux des algues que l’on trouve à 6/7m de profondeur pour savoir si elles ne synthétisent pas des molécules originales. Est-ce qu’elles n’auraient pas des propriétés anti-inflammatoires, anticancéreuses et anti-fongiques ? », avance le chercheur, qui opère décidément sur tous les fronts.
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