Jusqu'au 08/09/2013
6/12/20 CHF
L’imagination de l’artiste allemand Max Ernst, interné deux fois pendant la Seconde Guerre mondiale, exilé aux Etats-Unis, puis naturalisé français en 1958, est féconde. Tellement féconde que l’on pourrait rester des dizaines de minutes devant certains tableaux, essayant d’en décrypter tous les codes. Pionnier du surréalisme, passionné par les rêves et la mythologie, il invente une autre réalité : des jardins gobe-avions, des forêts désenchantées, des créatures inquiétantes...
Des oeuvres parfois délicieusement provocatrices, comme dans La Vierge corrigeant l’enfant Jésus devant trois témoins, où André Breton, Paul Eluard et Max Ernst regardent à travers la fenêtre la Vierge donner des claques énergiques au petit Jésus, qui en a le postérieur tout rougi et qui en a perdu son auréole, qui vient entourer le nom du peintre. Quel saint homme!
Un peintre bien loin des convenances encore quand il raconte dans une sorte de rébus son ménage à trois, formé avec Gala et Eluard, dans Au premier mot limpide : oui, les baies rouges, la menthe religieuse, et les doigts en X, sont autant de symboles érotiques. Mais jusqu’ici, c’est plutôt facile. Certains dessins techniques, dessins automatiques ou le roman-collage La femme 100 tête, laisseront plus perplexes.
Cependant, une constante revient dans l’œuvre d’Ernst : les créatures hybrides. Les animaux ont des comportements humains, voire même une main qui pousse au bout de leurs pattes. Les humains ressemblent à des monstres ou à des choses, telle cette femme-bouteille fait de la même matière qu’une théière en gros plan dans Marina.
Plus tard, nous verrons Loplop, un oiseau imaginaire, alter ego de l’artiste. Max Ernst se sentait mystérieusement lié aux oiseaux, depuis son enfance : il perdit un cacatoès rose le jour de la naissance de sa sœur. Il écrit de lui-même : « Dans son imagination, il associa les deux événements et rendit le bébé responsable du trépas de l’oiseau. Suivit une série de crises psychologiques et de dépressions. Un mélange dangereux d’oiseaux et de créatures humaines prit possession de son âme et trouva plus tard son expression dans ses dessins et peintures. »
Ainsi, dans sa grande série sur les forêts, on retrouve des oiseaux en cage ou piégés par la masse touffue des arbres noirs, racontant les angoisses du peintre. Ne manquez pas le magistral Un peu de calme, oppressant au possible, peint en 1939, à la veille de la Seconde guerre mondiale.
Mais visiter cette exposition, ce n’est pas seulement pénétrer dans l’esprit « impénétrable » de Max Ernst, mais aussi découvrir ses techniques novatrices : ses frottages, ses grattages, ses collages, ses décalcomanies…
Dans les années 20, il se sert d’une ficelle qu’il plonge dans la peinture avant de la laisser tomber plus ou moins au hasard sur la toile, point de départ à son oeuvre.
Dans les années 40, il utilise l’oscillation : il perce un récipient d’où dégouline de la peinture qu’il promène sur la toile au bout d’une ficelle, annonçant le dripping, comme dans Planète affolée.
A la fin de sa vie, il expérimente encore et toujours, avec un intérêt pour le cosmos, où il représente des astres sous formes de disque perforé et coloré, tendant vers l’abstraction.
Autant dire que cette exposition, couvrant 40 ans d’activité d’un des peintres les plus inventifs de son temps, est tout à fait passionnante.
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